Laure Manel, 42 ans. vit dans le Maine-et-Loire. Après des études littéraires, elle est enseignante jusqu’en 2018. Depuis, elle se consacre à sa passion : l’écriture. Son prochain roman, LE CRAQUANT DE LA NOUGATINE, sortira chez Michel Lafon le 22 avril. Entretien avec une auteure dont les romans émeuvent les lecteurs par leur sensibilité et leur justesse. 

Il s’agit de son septième roman après LA DELICATESSE DU HOMARD (2017), LA MELANCOLIE DU KANGOUROU (2018) et L’IVRESSE DES LIBELLULE (2019, qui ont connu un vif succès en librairie. La vie dans tous ses états constitue la principale source d’inspiration chez Laure Manel.

Quel est votre style d’écriture ?

J’écris ce qui s’appellerait des comédies dramatiques au cinéma. J’aborde des sujets plus ou moins graves, mais avec le plus de « légèreté » possible, sans forcer le drama ou le pathos. Je dépeins dans chacun de mes romans « des tranches de vie ». Mon matériau, c’est ce que nous vivons ou sommes susceptibles de vivre un jour… Ainsi, l’amitié, le couple, la famille, la maladie, le deuil, mais aussi les petits bonheurs gratuits font partie des thèmes que j’aborde régulièrement. J’essaie d’être toujours réaliste… tout en gardant un discours optimiste.  Il y a, en tout cas, dans tous mes romans un côté « psychologique » important.

Pour ce qui est du style d’écriture lui-même, j’aurais tendance à dire que j’évite les longues phrases qui peuvent donner mal à la tête. Je m’exprime volontairement simplement, mais j’aime jouer avec les figures de rhétorique (les métaphores, les anaphores, etc.). J’essaie aussi de veiller à une certaine « musicalité ».

L’histoire de votre prochain roman… en quelques mots

LE CRAQUANT DE LA NOUGATINE est un roman à deux voix, raconté en alternance par mes deux personnages. L’histoire se passe en région parisienne et commence dans un bus. Romain, un restaurateur et chef cuisinier, rencontre Alba, une comédienne de théâtre. Transporté par le charme éclatant de cette belle inconnue, il ne résiste pas à l’irrépressible envie de la revoir. Mais osera-t-il faire le premier pas ? Et surtout : a-t-il seulement droit à cette histoire ? Evidemment, tout ne sera pas aussi simple…

Comment définir vos personnages ?

J’aurais envie de dire qu’ils sont réels ! Parfois j’oublie qu’ils n’existent pas… Et, si j’en crois l’attachement de mes lecteurs à certains d’entre eux, j’ai comme l’impression que je ne suis pas la seule.

Plus sérieusement, je les travaille vraiment en amont de l’écriture. Je remplis des fiches, je leur trouve une tête (photo)… j’ai besoin de les voir, de les imaginer, de les intégrer. Pendant l’écriture, je deviens chacun d’eux. Je les regarde évoluer sous mes yeux, je devine leurs réactions. Parfois, comme dans mon dernier roman, j’ai même l’impression que ce sont eux qui me guident et décident de leur vie à ma place.

Comment réagissent vos lecteurs ?

Justement, mes lecteurs aiment souvent mes personnages… même s’ils ont des défauts. Ils les trouvent cohérents et attachants. Ils ont parfois envie de les secouer, mais ils ont surtout envie de savoir ce qui va leur arriver. D’ailleurs, ils me réclament souvent une suite.

Cela dépend néanmoins de mes romans. En effet, j’ai fait très vite le choix de varier les thèmes, les styles de narration… ce qui fait que mes romans sont tous différents. Certains lecteurs n’aiment que mes livres qui traitent de résilience, d’autres les aiment tous. On ne peut pas plaire à tout le monde, et encore moins à chaque roman ! J’assume pleinement mes changements de registre et mes variations. Je n’ai pas envie d’écrire mes romans dans le même moule. Au moins, je ne m’ennuie pas moi-même quand j’écris ! Chaque roman me vient comme une évidence et je suis le fil de mon envie du moment.

Vos sources d’inspiration ? 

Je n’en ai qu’une : la vie. Inspiration infinie, donc ! À partir de là, je suis dans l’observation, la curiosité, l’empathie… Je fais l’éponge, je me nourris de tout ce que je lis, vois, entends… Je suis à l’écoute de ce qui se passe en moi, je laisse grandir mes idées, je mûris certains sujets… et je mélange. C’est une savante recette de cuisine pleine d’ingrédients, parfois inconscients.

Comment traversez-vous la crise sanitaire, le confinement ?

D’un point de vue personnel, je le vis plutôt bien, puisque j’ai la chance d’être à la campagne et que mon quotidien de travail n’est pas spécialement modifié.

En tant que romancière qui sort bientôt un livre, je suis évidemment triste de lancer mon roman « tout seul », de ne pas pouvoir aller à la rencontre de mes lecteurs. Les annulations successives des salons et rencontres en librairies ou médiathèques provoquent à chaque fois une grosse déception chez moi.

Heureusement, nous avons un motif de nous réjouir : les librairies sont maintenant reconnues essentielles, ce qui change beaucoup de choses.

LE CRAQUANT DE LA NOUGATINE sortira jeudi 22 avril aux éditions Michel Lafon.

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auteur : Serge Moroy