C’était le 5 septembre 1914. Cantonnés à Monthyon, les Allemands tiraient le premier coup de canon à midi en voyant les Français arriver sur leurs flancs. La 8e édition d’histoire vivante du Musée de la Grande Guerre de Meaux a célébré, samedi 5 et dimanche 6 septembre, le 106e anniversaire de l’illustre, mais tragique bataille de la Marne. Près de 5000 personnes y ont assisté.
La guerre a éclaté depuis déjà un mois et les troupes allemandes sont à 40 km de Paris. C’est le début de la bataille de la Marne qui durera jusqu’au 12 septembre 1914. L’alliance franco-britannique réussit à stopper l’envahisseur sauvant ainsi Paris. On parle alors du « miracle de la Marne », même si 105 000 Français sont tués, dont l’écrivain Charles Péguy. Affecté au 276e régiment d’infanterie basé à Coulommiers, il tombera le 5 septembre à la tête de ses hommes dans un champ de Villeroy, près duquel il repose aujourd’hui.
L’esplanade du musée connaissait, ce week-end, l’effervescence d’un camp militaire où les uniformes révélaient une grande diversité colorée. Le public, venu nombreux, a pu rencontrer près de 300 reconstituteurs de toutes nationalités, dont pour la première fois d’Italie, membres de 22 associations. Pour la première édition, en 2013, ils n’étaient que 80. L’engouement pour les reconstitutions historiques provient des pays anglo-saxons, avant qu’il ne gagne la France dans les années 1980.
Notre but est de faire connaître la Première Guerre mondiale de façon vivante et ce type de manifestation, au musée de Meaux, est pour nous une occasion idéale
Un soldat du 33e régiment d’artillerie s’affaire avec ses camarades autour d’un canon de 75 mm. Il fait partie de l’association Mémoire de poilus, basée à Avignon (Vaucluse). Un peu plus loin, des adhérents de l’association Les poilus d’Île-de-France, dont le siège est à Cormeilles-en-Parisis (95), exhibent armes et uniformes, français et allemands. Créée en janvier 2017, leur association s’emploie à transmettre l’histoire de façon vivante et à perpétuer la mémoire des soldats.
Le rôle essentiel du cheval
Dans le parc du musée, outre les défilés des armées belligérantes, des démonstrations ont mis en avant le rôle prépondérant du cheval pendant le conflit grâce à l’association Fer de lance basée à Asnières-sur-Seine (92). Son utilisation est privilégiée car on se méfie des véhicules à moteur et, dès le début, les chevaux sont massivement réquisitionnés dans les campagnes. Ils seront ainsi 900 000 à être mobilisés, dont 100 000 dédiés à la cavalerie ; les autres à la traction du matériel d’artillerie. Ils servaient aussi de nourriture si besoin car la guerre va vite s’enliser dans les tranchées.
L’épisode des taxis de la Marne
Le danger est aux portes de Paris et le général Gallieni décide de mobiliser un millier de taxis parisiens, dont la marque Renault détient alors le marché, pour transporter quelque 4000 soldats sur le front. Rassemblés sur l’esplanade des Invalides, ils sont partis à vide pour charger des hommes de troupe à Gagny (93) et les acheminer à Nanteuil-le-Haudoin. Ils roulaient la nuit pour ne pas se faire repérer par l’aviation ennemie.
Équipés de petits moteurs bi-cylindre comme celui-ci, mais réputés fiables, ils ont été mobilisés le 6 septembre
Brice (Scènes & Marne 14) propriétaire d’un taxi Renault 1909
Auprès des blessés
Surnommées « les anges blancs », les infirmières ont également été mises à l’honneur, pendant que l’organisation des services de santé militaire et des postes de secours était expliquée aux visiteurs. Ces derniers ont pu découvrir le rôle éminent de Nicole Girard-Mangin (1878-1919), seule femme médecin française à porter l’uniforme sur le front.
A la fin de la guerre, on dénombrait plus d’un million d’invalides permanents, dont 15 000 « gueules cassées » en France. Suzanne Noël (1878-1954), spécialisée en chirurgie esthétique et réparatrice, a été une pionnière dans ce domaine.
Marie Curie (1867-1934), double prix Nobel (physique en 1903, chimie en 1911), conçoit la première unité mobile d’ambulances radiologiques. Elles pouvaient se rendre près des champs de bataille, limitant ainsi le déplacement des blessés. La scientifique a aussi participé à la création d’une centaine de postes fixes de radiologie dans des hôpitaux militaires.
Gratuit tous les premiers dimanches du mois, et ce depuis 2017, le musée, riche de ses 3000 collections, a connu lui aussi la curiosité du public.
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auteur : Serge Moroy
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