C’est sur une exposition consacrée à l’acteur comique préféré des Français que le temple de la cinéphilie rouvrira ses portes, mercredi 15 juillet. Louis de Funès, victime d’un infarctus en 1983, y sera la vedette jusqu’au lundi 31 mai 2021, soit une durée exceptionnelle de onze mois. On pourra même y voir une sélection de 35 de ses films.

La Cinémathèque française organise pour la première fois une exposition d’ampleur dédiée à un acteur. Un choix judicieux puisqu’il s’agit de Louis de Funès et qu’elle rend hommage à son génie comique, au théâtre comme au 7e art pendant près de trente ans.

Des débuts difficiles

Né le 31 juillet 1914 à Courbevoie, Louis de Funès n’est pas un élève brillant. A 18 ans, il entre à l’École Technique de Photographie et de Cinéma (ETPC), dont il est d’ailleurs renvoyé. De nombreux petits boulots, un mariage éphémère puis un job comme pianiste de bar. Il y passera des milliers d’heures car c’est la période des vaches maigres.

A 28 ans, il s’inscrit aux cours Simon et rencontre, en 1943, Jeanne-Augustine Barthélemy, la femme de sa vie. Il rencontre aussi Daniel Gélin, qui le fait débuter au cinéma.

En 1952, il rejoint la troupe des Branquignols, créée par Robert Dhéry et Colette Brosset, réalisant avec eux des petits chefs-d’œuvre d’humour : Le petit baigneur, La belle Américaine, Ah ! Les belles bacchantes…

Le succès à son 100e film

Mais sa carrière au cinéma ne décolle vraiment qu’après Ni vu, ni connu. En 1956, dans La traversée de Paris, le public est subjugué par son rôle de l’épicier Jambier, lâche avec Jean Gabin et méprisant envers Bourvil.

Les années 60 et 70 seront deux décennies de succès ininterrompus, façonnant un personnage unique en son genre, dont le talent est d’être « Odieux sans être antipathique » selon Gérard Oury.

C’est d’ailleurs ce dernier qui l’érigera en star du box-office français avec La grande vadrouille. Tourné en 1966, le film sera vu par 17,27 millions de spectateurs ; record battu en France par Titanic, après 30 ans de suprématie.

Un tyran sympathique

Louis de Funès avait un sens prodigieux du rythme et de la musique. Son comique de mouvement était d’ailleurs réglé telle une partition musicale. Il faut le voir diriger l’orchestre qui joue La damnation de Faust dans La grande vadrouille ou encore dans Le corniaud, quand, dans un garage napolitain, il répare la Cadillac sur l’air de la Danza de Rossini.

Ses deux autres atouts reposaient sur l’art de la grimace, auquel son visage se prêtait admirablement, et celui du déguisement (Fantômas, Le grand restaurant, Oscar, Rabbi Jacob, etc.).

En plus d’être en osmose avec ses partenaires, c’était un véritable homme-orchestre du comique. Car en mêlant rythme corporel, grimaces excentriques et déguisements multiples, Louis a créé son propre style. Il incarne un personnage autoritaire et fantasque que le public aime détester tant il sait ridiculiser les travers du genre humain, comme l’orgueil, l’hypocrisie ou la lâcheté que nous réprouvons tous.

Le César d’honneur, qu’il reçoit en février 1980 pour l’ensemble de sa carrière, est une reconnaissance méritée de la profession à son immense talent.

Onze mois pour mieux faire connaissance

Au fil de cette exposition, les visiteurs en sauront un peu plus sur cet homme attachant et exigeant avec lui-même. « Mon château aux 365 fenêtres, une par jour à nettoyer » plaisantait-il à propos de son château de Clermont, au Cellier (Loire-Atlantique), qui appartenait à la famille Maupassant, ancêtres de son épouse. Ils pourront admirer plusieurs de ses costumes et accessoires, comme la DS de Fantômas et la 2CV préparée par Robert Giordani, chef décorateur, pour la fameuse séquence de l’accident du Corniaud.

Cinémathèque française – 51, rue de Bercy 75012 Paris – Métro Bercy, lignes 14 et 6.

Dispositions sanitaires et modalités d’accès à retrouver ici.