Meilleurs court-métrage, réalisateur, scénario, drame, acteur, actrice, duo, photo, son, lumière… Depuis janvier 2020, MORITURI a remporté 40 prix dans des festivals qui ont eu lieu en Angleterre, Australie, États-Unis, Italie, Mexique, Roumanie, Slovaquie, Tchéquie… Le film traite de la perte d’un être cher. Du déni jusqu’à l’acceptation en passant par la colère, il relate une épreuve douloureuse que le réalisateur a lui-même traversée avec la perte soudaine de son père.

Léo Lebesgue, 28 ans, signe son premier film avec MORITURI, qui signifie « ceux qui vont mourir » en latin et qu’il a dédié à son père. Comédien professionnel, il s’est découvert une passion pour la mise en scène et la direction d’acteurs au cours de ses trois années de formation au Giles Foreman Centre for Acting, entre Londres et Paris.

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Le tournage s’est déroulé à Illiers-l’Évêque, dans l’Eure, du 28 au 31 mai 2019. Léo avait effectué des repérages en pleine campagne dont la solitude, comme le silence absolu, l’avaient immédiatement séduit.

A l’origine, c’était juste une comédie qui devait s’appeler ARRÊT. Un type essaie d’aborder une fille à un arrêt de bus, mais ça ne se passe pas trop bien. On devait le tourner en juin 2018. Malheureusement, j’ai perdu mon père et dû décaler le tournage. Du coup, j’ai totalement réécrit le scénario. J’avais des idées de dialogues et les deux acteurs, Leonor Oberson et Rodolphe Lechat, les ont retravaillés pour mieux se les approprier. J'ai fait entièrement confiance à ma petite équipe technique qui, en donnant le meilleur d'elle-même, a apporté une véritable plus-value au film. 
Léo Lesbegue (à gauche) et son équipe.
Léo Lebesgue (à gauche) avec ses deux acteurs et son équipe. 

Le deuil, sujet encore tabou

En France, le deuil est un sujet tabou dont on a beaucoup de mal à parler. De plus, le court-métrage n'y jouit pas d'un bon statut. C’est peut-être pour ces deux raisons que si MORITURI n'a pas percé dans les festivals en France, il a eu plus de succès à l’étranger.

Les deux comédiens, qui interprètent le rôle du frère et de la sœur, ont reçu pas moins de 12 récompenses, dont celles de meilleure actrice (7), meilleur acteur (3) et meilleur duo (2).

La musique de Christophe Ongaro, également primée, enveloppe doucement leur rencontre avant de les plonger dans une dimension atemporelle voire irréelle.

D’une durée d’un peu plus de 16 minutes, le film a été produit par Urban Sodium, société audiovisuelle parisienne que Léo a fondée en 2019 avec James Gentry. Leur but est de produire des films et vidéos de qualité, tous genres et métrages confondus.

Poursuivre son chemin 

Pour Léo, la nuit, l’aube et le jour sont des étapes inhérentes au lent processus de guérison suite à un deuil. La progression de la lumière tout au long du film suggère le voyage parallèle que l’âme, libérée, va enfin pouvoir accomplir ; le plus difficile étant d’accepter de laisser partir l’autre.

Le deuil est une étape qu’on doit surmonter seul, mais c'était important pour moi de mettre des mots sur le mien et qu'ils soient exprimés par d'autres. Je souhaitais tourner en pleine nature, au milieu de nulle part, car tous les êtres vivants sont reliés à elle. Tout ce que je voulais symboliser dans le film peut y être trouvé. 

Sans pathos, mais avec une grande humanité, MORITURI nous invite à mobiliser des ressources enfouies au fond de nous pour faire face à un deuil et poursuivre, bon gré mal gré, le chemin de notre vie.

  • Qu’est-ce qu’on fait là d’ailleurs ? (Max)
  • On attend le bus (Marie)
  • Oui, je vois ça. Mais je n’ai pas vraiment saisi où on va (Max)
  • Je ne sais pas. Mais on y va ensemble. Non ? (Marie).

auteur : Serge Moroy