Un an jour pour jour après le premier confinement, l’association Ellaya diffuse OFFICE, un clip musical sur le burn-out réalisé en collaboration avec Marine Pichon. Le travail en entreprise y est caricaturé, surtout celui des femmes qui en font souvent les frais. Quand le corps et l’esprit, harassés, s’accordent pour exprimer leur désaccord.

Dans un open-space vide et impersonnel, deux employées exécutent mécaniquement leur travail sans exprimer le moindre état d’âme. Très vite débordées, elles vont se remettre en cause et transformer leurs gestes bureautiques… en danse impromptue. Un exutoire salutaire pour une résurgence nécessaire d’elles-mêmes.

La réalisatrice, Marine Pichon, 26 ans, réside à Paris. Après des études de cinéma, elle s’est spécialisée dans les domaines du graphisme et de la post-production. Pub, art, mode, événementiel, rien ne semble aujourd’hui étancher la soif de la jeune femme tant sa créativité est insatiable.

Son court-métrage musical est une allégorie de ce que pourrait être notre ressenti face à la crise sanitaire que nous subissons. Car le fait d’évoluer dans un immense bureau vide rappelle bien évidemment la pandémie. D’abord machinale et répétitive, corsetée par le respect des gestes barrières, la danse va déboucher sur un changement radical et anamorphique, fustigeant au passage les  symboles d’un pseudo bien-être au bureau (baby-foot, ping-pong, espace détente, pause café). La musique de Johany Berland accompagne cette transmutation systémique, associant classique et danse contemporaine, avant de basculer dans un ballet orchestral frénétique.

« Dans notre société moderne, le burn-out est désormais monnaie courante. Paradoxalement, le milieu de l’entreprise n’a jamais été aussi revendicateur d’une culture du cool, prenant place dans des projets stimulants, propices à la créativité, à la bonne entente entre collègues et à l’attitude décontractée et « friendly ».

Marine Pichon

Deux actrices hors normes

De formation littéraire, Laura Mazeaud a rapidement opté pour les arts de la scène, embrassant les métiers de danseuse, chorégraphe et comédienne. Son profil pluridisciplinaire lui permet de composer des œuvres de qualité, originales et novatrices pour des festivals, clips et séries télé, telles celles diffusées sur Skam. Fin 2019, Laura a créé Ellaya, une compagnie de danse qui propose des spectacles vivants sur des rythmes hip-hop et contemporains. L’exploration critique des thèmes sociaux et la libre interprétation y sont privilégiées.

Géraldine Baroni a été championne de France 2010 de jazz, dans la catégorie soliste. Éprise de modern’jazz et de danses acrobatiques, elle s’est notamment illustrée dans de nombreuses comédies musicales, aussi bien en France qu’en Espagne. Outre sa grande perfection technique, Géraldine est dotée d’une forte expressivité dans ses interprétations et d’un sens aigu de l’esthétisme, qualités qui font d’elle une artiste accomplie et authentique très recherchée.

Statistiquement vôtre

Une étude sur l’état d’esprit des Français durant le premier confinement conduite par l’institut CSA et Linkedln, le réseau social professionnel, a révélé qu’un Français sur quatre était proche du burn-out pendant cette période. De même, le sondage a montré que les femmes en entreprise sont deux fois plus sujettes au stress que les hommes. Elles se sentent en effet obligées de devoir faire plus pour prouver leur valeur à leurs collègues masculins ; le tout en essayant de concilier vies professionnelle et familiale.

Le sursaut de l’âme

OFFICE, Le titre du clip n’est pas innocent : OFF pour déconnexion et ICE pour glace et froid. Pour Marine, être déconnecté de soi, c’est déjà être mort (froid). Mais si son film dénonce l’emprise du travail sur l’individu, il envoie aussi un message qui nous interpelle, nous invite à chercher des réponses intuitae, c’est-à-dire au plus profond de nous-même.

Nous voilà donc prévenus et, comme disait Nietzche, « ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». L’auteur de Zarathoustra, qui a été malade durant toute sa vie, parlait en connaissance de cause.

Le droit à la déconnexion : depuis le 1er janvier 2017, la loi oblige les entreprises de plus de 50 salariés à trouver un accord d’entreprise sur la gestion de leurs personnels en dehors des horaires de travail (transports, congés, week-end, soirée, etc.). La France est le premier pays a avoir intégré ce droit dans les entreprises. 

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